Pourquoi prenons-nous du poids ?

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Pourquoi prend-on toujours du poids par pallier ? Regrossir après un régime est-il une fatalité ? Les régimes de privation sont-ils vraiment utiles ?

 Comment grossit-on ?

Les régimes pour maigrir n’ont jamais eu autant de succès : une preuve de plus que l’obésité et l’obsession de l’image corporelle sont deux phénomènes qui prennent de l’ampleur. Pourtant, il n’est pas vraiment naturel de grossir… Alors comment expliquer le phénomène ?

Tout commence au niveau des cellules indifférenciées, ces cellules qui sont capables de tout faire : de l’os, de la peau, du muscle et même du tissu adipeux (autrement dit, de la « graisse »). A tout moment, ces cellules peuvent se spécialiser. Elles peuvent par exemple se transformer en adipocytes, des cellules capables de stocker les graisses (sous forme de triglycérides), pour fournir de l’énergie à l’organisme quand il en a besoin. Au cas-où. Le processus est naturel mais il est amplifié par certains facteurs hormonaux, comme la prise de cortisone, ou alimentaires, comme une trop forte consommation d’oméga-6 par rapport à celle d’oméga-3. Une mauvaise alimentation peut donc entraîner un surnombre d’adipocytes, alors même que ces cellules ne pourront plus jamais se dédifférencier : lorsqu’elles mourront, elles seront automatiquement remplacées par d’autres. La marche arrière est impossible !

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Leur prolifération

Le processus ne s’arrête pas là. Une fois les adipocytes formées, elles peuvent ensuite proliférer. Une fois de plus, les facteurs nutritionnels ou hormonaux vont intervenir : une consommation excessive de protéines alimentaires va encourager cette multiplication et faire grimper le nombre de cellules graisseuses dans l’organisme.

Elles peuvent gonfler jusqu’à 100 fois !

Pour grossir, encore faut-il que ces cellules graisseuses stockent de la graisse ! C’est la dernière étape du processus : lorsque les apports caloriques dépassent les dépenses énergétiques, la graisse est stockée dans ces cellules qui enflent comme des ballons de baudruche. Chaque cellule graisseuse peut augmenter de volume jusqu’à 100 fois ! Cette augmentation n’est heureusement pas irréversible, mais les cellules ont tout de même tendance à reprendre leur précédente taille en cas d’amaigrissement. C’est un des mécanismes pouvant expliquer la reprise de poids après un régime !

selective focus photography of tape measure

 Pourquoi maigrit-on ou grossit-on toujours par pallier ?

Le tissu graisseux est considéré par l’organisme comme une réserve à sauvegarder. Avant l’ère moderne, l’Homme devait résister aux famines pour survivre et il puisait alors l’énergie dans ce précieux tissu en cas de disette. De sorte que lorsque le niveau de gras diminue (quel que soit son niveau initial), les cellules graisseuses émettent des messages en direction du cerveau pour lui demander de tout faire pour récupérer le gras perdu. Le cerveau s’exécute : il diminue alors les dépenses énergétiques et provoque une augmentation de la sensation de faim. Ce phénomène permet d’arrêter de maigrir au bout d’un certain temps : on mange toujours de la même manière, mais comme les dépenses énergétiques ont baissé, le poids se stabilise. Il suffit alors que l’on mange un peu plus pour que le poids reparte à la hausse !

Lorsque les apports énergétiques augmentent soudainement (c’est le cas par exemple après l’arrêt de la cigarette ou suite à un trouble psychologique conduisant à manger plus), le poids suit le même chemin. Mais, très rapidement, l’organisme s’adapte. La hausse du poids entraîne une augmentation de la masse cellulaire active, et donc, de la même manière, les dépenses énergétiques de base (le minimum pour que l’organisme continue de fonctionner). Les dépenses et les apports sont alors de nouveau équilibrés, ce qui signe l’arrêt de la prise du poids. Voilà pourquoi on prend toujours du poids par pallier ! Une nouvelle hausse de la prise alimentaire ou une baisse de l’activité physique entraîne alors à nouveau une prise de poids.

L’activité physique : la grande oubliée des régimes

Les personnes négligent souvent l’importance de l’activité physique dans le phénomène de prise ou de perte de poids. Celles qui en font de manière régulière, peuvent manger davantage sans grossir, mais le jour, où ils cessent cette activité (pour tout un tas de raison), il faudra impérativement ajuster les apports énergétiques, sous peine de voir le poids grimper en flèche ! A l’inverse, ceux qui souhaitent perdre du poids oublient souvent son importance. En perdant du poids, quelque soit le régime alimentaire, le corps perd de la graisse, mais aussi du muscle ! Or, c’est le muscle (on parle aussi de masse maigre) qui demande le plus d’énergie : en perdant du muscle, les dépenses énergétiques diminuent, et la perte de poids s’arrête. On arrête toujours de maigrir ! Lorsque l’équilibre est obtenu à nouveau (c’est-à-dire une stabilisation du poids), il faut alors envisager de faire du muscle grâce à l’activité physique, pour faire repartir « la machine à maigrir ». Malheureusement, beaucoup choisissent de diminuer encore les apports alimentaires, ce qui est rapidement intenable ! La reprise de poids est alors inévitable…

L’enchaînement des régimes érode la masse musculaire

Cette reprise de poids amène la personne à tenter de nouveau un régime alimentaire. Il arrive alors souvent que celle-ci enchaîne les régimes et les reprises de poids intermédiaires, au point que la masse maigre (le muscle) perdue, ne se reconstitue jamais. Les reprises de poids ne se font souvent qu’au profit du tissu graisseux. De ce fait, non seulement les personnes sont toujours aussi grosses qu’avant, mais en plus leurs dépenses énergétiques ont diminué (avec la masse maigre) : ils ne peuvent plus autant manger qu’avant, sous peine de grossir irrémédiablement ! Précisons, par ailleurs, qu’avec l’âge, il est de plus en plus difficile de créer du muscle…

La prise de poids : la génétique est-elle responsable ?

La prise de poids s’accompagne souvent de culpabilité de la personne concernée… Pourtant, il existe différents facteurs pour expliquer le phénomène, et tous ne sont pas maîtrisables ! Ils sont au nombre de quatre : les facteurs prédisposants, les facteurs favorisants, les facteurs déclenchants et les facteurs d’entretien.

Les facteurs prédisposant : pas tous égaux devant la prise de poids

Ces facteurs sont essentiellement génétiques. Ils expliquent notamment pourquoi certaines personnes, à alimentation et activité physique égales, n’auront pas le même poids ! Certains ont tendance à ne jamais grossir même s’ils mangent beaucoup, d’autres prendront du poids au moindre écart. Ce n’est pas juste, mais c’est ainsi. Il existe aussi des prédispositions par rapport à l’aspect familial, ce que l’on appelle « l’hérédité de table ». Les habitudes alimentaires que nous ont transmises nos parents peuvent jouer un rôle plus tard dans la prise de poids. Enfin, il existe d’autres facteurs prédisposants comme une mauvaise flore intestinale, acquise du fait d’une naissance par césarienne ou par une maman elle-même touchée par l’obésité.

Ces facteurs ne sont pas une fatalité, mais ils rendent davantage vulnérable à l’obésité au cours de la vie. Il faut donc être davantage vigilant si l’on se trouve prédisposé à cette maladie.

burgers and fries inside box

 La société rend-elle obèse ?

Les facteurs prédisposants ne suffisent pas : le cocktail menant à l’obésité compte aussi des facteurs favorisants. La société moderne nous offre aujourd’hui un accès facile et bon marché à une abondance de biens alimentaires. Cet environnement est considéré comme « obésogène » car il peut provoquer des décalages entre nos consommations et nos besoins. Une alimentation trop riche en protéines (aujourd’hui, les enfants mangeraient 3 à 4 fois plus de protéines qu’il est nécessaire) peut par exemple faciliter la prolifération des cellules graisseuses. Surtout, il entraîne un excès d’apports alimentaires par rapport à nos dépenses : ce ne sont pas les graisses ou les sucres qui nous font grossir, c’est lorsque leur consommation aboutit à un excès d’énergie !

Au-delà des facteurs alimentaires, on peut aussi citer les facteurs psychologiques comme le stress, le manque, la frustration ou certaines émotions négatives. Le manque de sommeil, la télévision, mais aussi, et surtout, la réduction immense de nos dépenses liées à l’activité physique sont autant de facteurs qui favorisent la prise de poids.

Les facteurs déclenchants : ce moment où tout bascule

Il arrive souvent que la prise de poids soit relative à un changement brusque qui intervient au cours de la vie et qui affecte l’alimentation comme l’activité physique. Cela peut être lié à une maladie (un nouveau traitement médical), à un problème professionnel (chômage, licenciement), à un problème familial (divorce, décès d’un proche, perte de la garde de ses enfants…).

Plus surprenant, il arrive aussi parfois que l’adoption d’un régime alimentaire dans le but de perdre du poids, soit ce facteur déclenchant. La plupart d’entre eux, et surtout les plus stricts, entraînent des perturbations métaboliques, des pertes musculaires, une diminution des dépenses énergétiques et parfois des troubles du comportement alimentaire comme la boulimie ou la restriction cognitive.

 

Excès de poids : quel est le problème ?

Lorsque l’obésité devient sévère, des cellules inflammatoires s’infiltrent dans le tissu adipeux. C’est ce phénomène qui participerait notamment à l’apparition de nombreuses maladies comme le diabète ou les troubles cardio-vasculaires. Les mécanismes ne sont pas encore connus, mais les chercheurs ont émis l’hypothèse selon laquelle ces cellules dérégleraient les relations de communication entre le tissu adipeux et le cerveau, entraînant le développement de nombreuses maladies.

L’excès de poids n’entraîne pas forcément de problèmes de santé

Un tel phénomène ne survient généralement qu’au cours des stades avancés de l’obésité. En réalité, l’excès de poids n’a pas toujours des conséquences importantes sur la santé, tout dépend de son importance. Ainsi, pour un IMC situé entre 25 et 30 kg/m2, cela dépend surtout des risques associés comme le cholestérol, le tabac ou l’hypertension. Un léger surpoids chez une personne âgée peut même être davantage bénéfique (notamment vis-à-vis de l’ostéoporose) ! Le danger dépend de différents facteurs comme la zone de surpoids (lorsqu’il touche le ventre, le risque d’un trouble cardio-vasculaire est majeur), de l’activité physique de la personne (une personne en léger surpoids qui se dépense beaucoup a moins de risque de maladie cardio-vasculaire qu’une personne mince qui ne bouge jamais), de la masse maigre (plus les muscles sont développés, plus le risque de mortalité précoce est réduit) et de l’alimentation (on peut être en surpoids avec une alimentation équilibrée !).

La minceur : une utopie biologique

Au-delà de la santé, l’excès de poids peut provoquer des complexes chez certaines personnes, dans une société où l’on voue un culte au corps mince. Pourtant, tout le monde ne peut atteindre un tel résultat. Trop de facteurs interviennent dans la constitution du poids, et beaucoup sont difficilement maîtrisables comme l’hérédité, l’âge, le métabolisme, la morphologie, l’histoire, la culture ou la maladie…

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