Lors de l’unique débat avant le second tour de la présidentielle de dimanche, le président français Emmanuel Macron a attaqué sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen pour avoir dû de l’argent à une banque liée au Kremlin et a averti que sa proposition d’interdire le foulard aux femmes musulmanes pourrait « créer une guerre civile. »
De l’autre côté : Le Pen, qui a tenté de se rebaptiser et de faire la fête après avoir été écrasée par Macron en 2017, a frappé le président français sur la criminalité et la hausse du coût de la vie et a fait valoir qu’elle comprenait mieux les luttes des électeurs.
État des lieux: l’avance de Macron était de 10% dans le dernier sondage Politico des sondages – plus large que l’écart de 6% il y a une semaine mais toujours bien plus proche que le résultat de 66% à 34% de 2017.
Une question clé est de savoir si les partisans de Jean-Luc Mélenchon, candidat d’extrême gauche qui a terminé juste derrière Le Pen avec 22% au premier tour, afflueront vers Macron ou resteront chez eux.
Sur la Russie et l’Ukraine :
Le Pen a exprimé « la solidarité et la compassion » avec le peuple ukrainien, a promis une aide humanitaire et de défense, et a même salué les efforts diplomatiques de Macron.
Mais Le Pen s’est opposé à une interdiction du pétrole et du gaz russes, arguant que cela ne nuirait pas à la Russie mais serait « cataclysmique » pour la France. Elle a également averti que l’envoi de certaines armes en Ukraine pourrait faire de la France un « co-belligérant » et que les efforts pour isoler Moscou pourraient aboutir à une alliance russo-chinoise.
Macron a durement frappé Le Pen pour ses éloges passés envers le président russe Vladimir Poutine et pour avoir rapidement reconnu le contrôle russe sur la Crimée en 2014.
Dans l’une des lignes d’attaque les plus cinglantes de la nuit, Macron a déclaré que la Russie était en fait le banquier de Le Pen, et qu’elle aurait une « dépendance » vis-à-vis de Moscou car son parti n’a pas encore remboursé intégralement un prêt de 2014 à une banque liée au État russe.
Le Pen a rétorqué qu’elle ne dépendait pas de la Russie, disant « Je suis une femme totalement libre et indépendante ».
Sur Europe :
Le Pen a nié avoir prévu de retirer la France de l’euro ou de l’UE – positions sur lesquelles elle a changé depuis 2017 – mais a déclaré qu’elle défendrait la France à Bruxelles d’une manière qu’aucun ancien président français n’avait faite.
Macron a promis de réformer certains aspects du droit de l’UE, y compris la zone de libre circulation Schengen, mais a également défendu l’UE et le partenariat franco-allemand, notant que la France ne produisait pas son propre vaccin ARNm COVID et devait s’appuyer sur des partenaires comme l’Allemagne.
Macron a également rejeté l’affirmation de Le Pen selon laquelle il considérait la France comme une puissance « continentale » et non comme une « puissance mondiale », et se concentrait trop sur l’Europe plutôt que sur les territoires français d’outre-mer et les relations avec les pays francophones d’Afrique.
Sur la qualité de vie :
Le Pen a durement frappé Macron dans deux domaines : la criminalité et la hausse du coût de la vie. Elle a déclaré que le « mépris » de Macron pour la police avait été préjudiciable et qu’elle « leur montrerait un peu d’amour » tout en infligeant des peines plus sévères aux criminels.
Elle a fait valoir que la vie en France est plus difficile qu’elle ne l’était il y a cinq ans et a déclaré – sans trop de détails – qu’elle utiliserait le « patriotisme économique » et le « bon sens » pour améliorer les choses.
Macron a tenté de tendre la main aux électeurs désabusés de gauche avec des promesses de faire de la France une « grande puissance environnementale » et d’offrir plus de soutien aux plus pauvres de la société.
Sur les foulards pour les femmes musulmanes :
Le moment le plus explosif du débat est survenu lorsque Le Pen a été interrogée sur sa proposition d’interdire le hijab dans tous les lieux publics.
Macron a déclaré qu’elle ferait de la France le premier pays au monde à interdire les symboles religieux et « qu’elle ferait courir des policiers dans la rue pour chasser des filles portant le hijab ou des garçons portant la kippa ».
Saisissant le point pour souligner la candidature radicale de Le Pen, Macron a déclaré que certains citoyens français ne pourraient pas quitter leur domicile en vertu de la loi et que les propositions de Le Pen pourraient conduire à une « guerre civile ».
Ton du débat :
Le Pen n’a pas perdu son sang-froid, comme lors de sa désastreuse performance de débat en 2017, et a maintenu une attitude chaleureuse et souriante pendant près de 3 heures de débat. Elle s’est parfois énervée lorsque Macron l’a pressée sur des chiffres et des positions politiques spécifiques.
Les experts ont noté que si cette tendance didactique de Macron soulignait sa maîtrise des questions politiques, elle avait peut-être découragé les électeurs déjà enclins à le considérer comme arrogant.
Lorsque Macron a plaisanté à un moment donné en disant que Le Pen s’était « beaucoup mieux comporté que la dernière fois », elle a répondu en souriant : « Nous vieillissons et devenons plus sages ».