« Aujourd’hui, le climat doit être au cœur de tout ce que nous faisons », a déclaré le président de la COP26, Alok Sharma, lors d’un récent événement organisé par le Wilson Center, où je suis actuellement membre distingué.
« Nous devons inciter tous les aspects du système international à reconnaître le risque systémique du changement climatique et à en faire une tâche centrale pour le gérer efficacement », a poursuivi Sharma.
Son appel à l’action doit être entendu, mais les dirigeants mondiaux sont-ils à la hauteur de la tâche en cette ère de crises concurrentes ?
À partir d’hier et jusqu’au 16 novembre, le monde se réunira pour le 27e Sommet des Nations Unies sur le climat (COP27), où les chefs d’État, les dirigeants du secteur privé, les organisations non gouvernementales et la société civile discuteront des politiques et des actions nécessaires pour contenir le crise climatique alarmante qui affecte notre planète.
Cette année, la COP27 aura lieu en Égypte et il y a déjà un excès de défis à l’horizon. La crise énergétique déclenchée par la guerre ignoble de la Russie contre l’Ukraine, la hausse de l’inflation qui touche la majorité des pays, la dévaluation considérable des devises des marchés émergents et les différends fiscaux au sein des gouvernements compromettent la possibilité pour la COP27 de faire avancer des actions ambitieuses des puissances mondiales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. émissions de gaz.
Le changement climatique est la question déterminante du 21e siècle, et la COP27 continue d’être la plate-forme clé pour galvaniser l’action. Avec un moindre appétit pour l’action à court terme de la part des pays riches, cependant, il existe une opportunité pour les pays en développement de prendre l’initiative.
De nombreux pays confrontés à la crise énergétique ont privilégié l’accès au charbon ou aux hydrocarbures pour la production thermique, tandis que d’autres qui en ont la capacité recourront vraisemblablement à l’énergie nucléaire. Pourquoi? L’une des raisons est que l’achat de l’énergie la plus chère n’est pas une option et que la sécurité énergétique est préférable à l’affaiblissement structurel des finances publiques et à la perte massive de la qualité de vie collective. Par conséquent, l’accès immédiat à une énergie bon marché est considéré comme un moyen de prévenir un mécontentement social rampant et dangereux.
Pour beaucoup, ce raisonnement a du sens et certains observateurs suggèrent que les pays se comportent pendant la COP27 comme si la réunion n’était qu’une formalité sans pression pour parvenir à des accords mondiaux majeurs. Si c’était vrai, ce serait un fiasco face à une crise climatique, qui devient chaque année plus implacable. Au milieu de données scientifiques glaçantes, nous ne pouvons pas laisser triompher l’indifférence et ignorer des millions de citoyens.
La COP exige des progrès concrets et des engagements inévitables en matière d’action climatique de la part des nations les plus puissantes, mais cela ne se produira pas dans un environnement géopolitique tendu où il existe de grandes tensions entre les États-Unis et la Chine, et avec la conférence COP27 qui se déroule à peu près au moment de la mi-parcours des États-Unis. élections. Par conséquent, le rôle de chef de file devrait être assumé par les pays à revenu intermédiaire et les pays en développement, grâce à des mécanismes de financement efficaces qui soutiennent leurs efforts.
En Égypte, les dirigeants doivent convaincre une grande majorité de pays de rejoindre la High Ambition Coalition for Nature and People, qui a pour objectif de protéger 30 % des terres de chaque pays d’ici 2030. Cette mesure n’est pas seulement nécessaire pour réduire les émissions dues à l’utilisation abusive des terres. mais aussi pour coordonner les objectifs de neutralité carbone et prioriser les mesures de conservation positives qui sont la pierre angulaire des avancées attendues pour la COP15 Conférence des Nations Unies sur la biodiversité à Montréal en décembre.
La COP27 devrait aussi être le lieu où s’annonce la création d’un marché volontaire et dynamique des crédits carbone pour l’Afrique, doté d’un fonds initial de 500 millions de dollars. Sur le continent, seuls 5 pays génèrent 65 % des émissions de crédits carbone existantes, selon l’Africa Carbon Markets Initiative, un comité chargé d’élargir la participation de l’Afrique aux marchés du carbone. L’initiative Africa Carbon Markets sera officiellement annoncée lors de la COP 27 en collaboration avec l’Alliance mondiale de l’énergie pour les personnes et la planète, l’énergie durable pour tous, les champions de haut niveau des Nations Unies sur le changement climatique et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique. Une initiative de cette envergure est la meilleure possibilité d’espérer que les systèmes de régulation soient modernisés et incitent les projets éligibles.
Un autre thème principal de la COP27 sera de galvaniser les entités philanthropiques privées qui peuvent contribuer à la réalisation de nombre de ces objectifs et initiatives. Les alliances entre le Bezos Earth Fund, Conservation International, le World Resources Institute, le World Wide Fund for Nature, Nature Conservancy et NatGeo, entre autres, sont appelées à galvaniser les contributions des donateurs du monde entier pour soutenir les pays dans les efforts susmentionnés et à donner l’exemple aux nations les plus puissantes pour qu’elles déboursent les ressources qu’elles ont annoncées année après année.
Nous avons également besoin d’un leadership extérieur à l’espace climatique et environnemental parce que, comme la politique étrangère insère dtes tituts comme le Wilson Center l’ont noté à juste titre, la politique étrangère est une politique climatique. Le changement climatique et les réponses à celui-ci modifient déjà le commerce, la finance et les systèmes de production. Pour les pays qui subissent déjà les impacts destructeurs du changement climatique, l’action ne peut pas attendre.
La COP27 ne sera pas le sommet tant attendu des grands accords entre nations puissantes pour assumer une fois pour toutes la responsabilité de la neutralité carbone dans les plus brefs délais. Ce qu’elle peut et doit être, c’est l’occasion pour les pays en développement de montrer au monde tout ce qui peut être accompli lorsque la volonté politique existe. Si cela ne se produit pas, l’action climatique sera une nouvelle victime de Vladimir Poutine et d’un monde polarisé.
Iván Duque Márquez est l’ancien président de la Colombie (2018-2022) et est actuellement membre distingué du Woodrow Wilson International Center for Scholars. En juin, Márquez a reçu le prix du leadership planétaire 2022 de la National Geographic Society pour son engagement et son action exceptionnels en faveur de la protection de nos océans. Cette opinion est uniquement celle de l’auteur et ne représente pas les vues du Centre Wilson.