PARIS – La France aux côtés de ses partenaires européens et internationaux a annoncé jeudi la fin de son opération militaire de contre-insurrection de neuf ans au Mali, dans un contexte de tensions croissantes avec la junte militaire du pays.
« En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les États européens opérant aux côtés de l’opération [française] Barkhane et au sein de la Task Force Takuba [un groupe multinational européen de forces d’opérations spéciales]… ont décidé d’amorcer le retrait coordonné de leurs forces militaires respectives. ressources dédiées à ces opérations depuis le territoire malien », lit-on dans un communiqué conjoint publié par l’Elysée.
La décision est intervenue après un dîner à l’Elysée mercredi soir avec des dirigeants de pays africains, de pays actifs dans la région du Sahel et des représentants de l’UE.
Le communiqué indique que la France et ses partenaires «poursuivront leur action conjointe contre le terrorisme dans la région du Sahel, y compris au Niger et dans le golfe de Guinée», et définiront une nouvelle stratégie pour la région d’ici juin 2022.
La décision de se retirer du Mali marque un revers majeur dans les efforts à long terme de Paris pour lutter contre les groupes terroristes dans la région.
Environ 3 500 soldats français se trouvent actuellement au Mali et plus de 4 000 dans la région au sens large, selon l’Elysée. La France est présente au Sahel depuis 2013, lorsque le président de l’époque, François Hollande, a décidé de déployer des troupes d’abord au Mali, puis dans la région élargie du Sahel comprenant le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie et le Niger pour lutter contre le terrorisme djihadiste.
Quelque 53 soldats français ont été tués au Sahel, dont 48 au Mali, depuis le début de l’opération, dont le soutien s’est estompé ces derniers mois. Les troupes françaises sont désormais également confrontées à des soldats mercenaires du groupe russe Wagner. La situation au Mali s’est aggravée ces dernières semaines lorsque le gouvernement a expulsé l’ambassadeur de France ; des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale Bamako pour célébrer ce mouvement et protester contre la présence française là-bas.
La junte militaire malienne est également revenue sur ses engagements antérieurs d’organiser des élections et de rétablir un régime civil à la suite d’un coup d’État en août 2020 contre le président élu Ibrahim Boubacar Keïta.
« Les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali », indique le communiqué français.