Mieux vivre avec le perfectionnisme

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Tout ce que vous entreprenez doit être effectué parfaitement ? Vous vous fixez des objectifs souvent élevés, voire inatteignables ? Ces attitudes traduisent sans doute une propension au perfectionnisme. Il est possible de vivre sainement avec ce trait de personnalité. Poussé à l’extrême, il peut toutefois devenir malsain et nuire grandement au bien-être et même à l’entourage de certaines personnes.

 « Les signes sont différents d’une personne à l’autre », explique Frédéric Langlois, professeur au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

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Ces traits peuvent se manifester dans différents domaines, comme au travail, dans les relations avec les autres ou même dans les tâches quotidiennes. « Le perfectionnisme devient malsain lorsqu’une personne est incapable d’adapter les critères de performance qu’elle s’impose en fonction de son temps ou de certaines étapes de sa vie », précise le chercheur.

Le perfectionnisme devient malsain quand :

  • on s’impose un stress supplémentaire pour atteindre la perfection;
  • on n’éprouve aucun plaisir en raison de notre constante insatisfaction;
  • on devient trop dur envers soi-même;
  • on conclut que tout est mal dès que ce n’est pas parfait;
  • on prend du retard à vouloir trop bien faire;
  • on évite de faire les choses ou on les remet à plus tard, de peur d’échouer;
  • on doute toujours de ses performances;
  • on suscite des réactions autour de soi, à cause du perfectionnisme.

De 2005 à 2007, Frédéric Langlois et son équipe ont soumis un questionnaire à des patients fréquentant une clinique de troubles anxieux et de l’humeur. Selon les résultats de leur étude1, les participants qui présentaient des symptômes de perfectionnisme à outrance étaient plus à risque de manifester des troubles psychologiques tels que la dépression, l’anxiété généralisée ou l’obsession-compulsion.

« Le perfectionniste pathologique ressent une insatisfaction perpétuelle et une pression constante qu’il s’impose lui-même. Si en plus cette personne doit composer avec un haut niveau de stress, ça occupe toute son énergie. Elle devient plus vulnérable et les conséquences peuvent être très néfastes », souligne Frédéric Langlois.

Des solutions?

Comment un perfectionniste peut-il se sortir du cercle vicieux de la perfection à outrance ? Plus ses objectifs sont élevés, moins ils sont atteignables. Cette situation devient de plus en plus dévalorisante et la personne compensera en exigeant encore plus d’elle-même. Mais il est possible de regagner son estime de soi.

« L’objectif est de changer de petits comportements à la fois, affirme Frédéric Langlois. Très souvent, les perfectionnistes oublient le but de ce qu’ils entreprennent. L’idée est d’arriver à prendre plaisir à ce que l’on fait, assouplir ses propres règles pour les rendre plus réalistes et laisser de côté la réussite. »

Surtout, il ne faut pas hésiter à consulter. Une aide psychologique peut aider à modifier ses perceptions et à se fixer des objectifs atteignables.

Des stratégies pour mieux vivre avec le perfectionnisme

  • Prendre d’abord conscience que cette habitude peut causer de la souffrance.
  • Se fixer de très petits objectifs de changement et augmenter graduellement la part de défi à relever.
  • Reconnaître qu’il existe un éventail de possibilités entre « raté » et « parfait » et que les situations n’exigent pas toujours le même degré de perfection.
  • Remarquer que peu de gens voient la perfection de notre travail ou sont conscients de tout ce que cela a exigé (personne ne nous demande d’en faire autant).
  • Faire l’apprentissage de l’imperfection en constatant qu’il n’y a pas de conséquences graves (il y a même beaucoup d’avantages aux choses bien faites, sans être parfaites).
  • Savoir aller chercher de l’aide psychologique, au besoin.
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