Zemmour accusé par six associations anti-homophobie de « contester un crime contre l’humanité »

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French far-right commentator Eric Zemmour, candidate for the 2022 French presidential election, attends a press conference to present his political program in Paris, France, March 23, 2022. REUTERS/Benoit Tessier

Éric Zemmour face à une nouvelle plainte : six associations anti-homophobie ont annoncé à l’AFP avoir porté plainte, mercredi 23 mars, à Paris contre le candidat d’extrême droite à la présidentielle Éric Zemmour pour « contestation d’un crime contre l’humanité », l’accusant de ayant nié la déportation des homosexuels pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les associations Inter-LGBT, Stop Homophobie, SOS Homophobie, Mousse, Adheos et Quazar visent par cette simple plainte une phrase précise du polémiste-candidat dans son livre paru en septembre, « La France n’a pas dit son dernier mot » (Ed Rubempré) : « L’expulsion vers la France d’homosexuels en raison de leur ‘orientation sexuelle’, comme on dit aujourd’hui, est une ‘légende’ ».

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Dans ce passage du livre, Éric Zemmour faisait alors état d’un désaccord avec l’ex-patron de l’UMP (ancêtre de LR), Jean-François Copé, qui avait exclu le parlementaire Christian Vanneste du parti « en raison de la polémique qu’il avait provoqué en affirmant que la déportation des homosexuels de France était une « légende » ». Éric Zemmour ajoute : Christian Vanneste « a raison ».

« Ce ne sont pas les propos d’Éric Zemmour mais ceux de M. Vanneste qui sont cités dans le livre, confirmés par (Serge) Klarsfeld », a affirmé le président de l’association des Fils et Filles de déportés juifs de France. Éric Zemmour.

« Nous sommes encore surpris par une plainte qui sort à 19 jours de l’élection concernant un livre qui date de septembre, et que toute la presse a scruté sans remarquer ce passage ! », a ajouté l’équipe du candidat à la présidentielle. « Ce sont des associations ‘pro-LGBT’ (et non ‘anti-homophobie’) qui utilisent la justice pour attaquer Éric Zemmour, peut-être parce qu’il est le seul à vouloir lutter contre leur propagande dans nos écoles », selon elle.

Déjà jugé pour « contestation d’un crime contre l’humanité »
« Je n’ai pas connaissance de la plainte, je réagirai quand je connaîtrai son contenu », a répondu à l’AFP MR Olivier Pardo, avocat d’Éric Zemmour.

Lorsque la polémique éclate en 2012, le président de l’association des Fils et filles de déportés juifs de France, Serge Klarsfeld, affirme qu’à sa connaissance, il n’y a pas eu « d’homosexuels déportés de France ». .

« Parmi les déportés, il y avait des homosexuels mais ils ont été déportés comme juifs, résistants ou de droit commun », a ajouté Serge Klarsfeld.

Dans leur plainte, dont l’AFP a eu connaissance, les associations représentées par Mr Etienne Deshoulières affirment au contraire que « la déportation des homosexuels pendant la Seconde Guerre mondiale est une réalité historique établie », qui a été reconnue à plusieurs reprises par des dirigeants français, comme l’ancien chef de l’Etat Jacques Chirac en 2005 ou l’ancien Premier ministre Lionel Jospin en 2001.

S’appuyant sur des travaux historiques, ils affirment qu’« en France, au moins 500 hommes accusés d’homosexualité ont été arrêtés. Parmi eux, au moins 200 ont été déportés pendant l’occupation allemande ».

D’autres ouvrages plus récents, basés notamment sur des archives françaises, dont « Les homosexuelles en France, du bûcher au camp de la mort » (Ed. Tiresias-Michel Reynaud), écrits par l’historien Arnaud Boulligny, étayent leur plainte. .

Les associations accusent Éric Zemmour d’avoir « falsifié l’histoire pour justifier ses positions homophobes », et soulignent que « c’est la première fois qu’une action en justice est intentée contre des propos niant la réalité de la déportation d’homosexuels pendant la Seconde Guerre mondiale ».

Éric Zemmour a déjà été jugé, et libéré en première instance, pour « contestation d’un crime contre l’humanité » : il soutient que le maréchal Pétain avait « sauvé » des juifs français.

Le procès en appel a eu lieu en janvier et la décision sera rendue après les élections présidentielles des 10 et 24 avril.

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