Lors du précédent quinquennat, le lycée avait été levé, c’est maintenant au tour du collège. Le nouveau ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, a exprimé sa volonté de mener « un travail de fond sur le collège, afin d’en faire un lieu où tous les élèves progressent », lors de sa conférence de presse de rentrée, la semaine dernière. Il a dit vouloir engager « dès cet automne la réflexion avec les autorités concernées. »
Car les résultats des élèves ont chuté ces dernières années : « La part des élèves en difficulté a bondi de 10 points en dix ans. Et un élève de collège sur quatre n’a pas le niveau attendu en fin de 3e », a précisé le ministre. Dès cette rentrée, les premiers changements seront lancés, avant que d’autres décisions ne soient prises. « Nous travaillons sur un collège qui permette aux étudiants de progresser grâce à une nouvelle méthode qui est celle de l’expérimentation », a insisté Pap Ndiaye.
Plusieurs dispositifs seront donc testés cette année dans certains établissements, avant d’être généralisés s’ils donnent de bons résultats.
La découverte des métiers via la demi-journée « futur »
Les collèges volontaires pourront proposer des demi-journées de découverte des métiers à la rentrée, chaque semaine à partir de la 5ème et jusqu’à la 3ème. Ces activités prendront « la forme de visites d’entreprises, de mini-stages, de rencontres avec des professionnels de différents secteurs d’activité… », détaille la circulaire de rentrée 2022.
Une mesure redoutée par les syndicats d’enseignants. « On ne veut pas que ce soit des pré-recrutements d’adolescents de 12 ans en lycée professionnel », commente Jérôme Fournier, secrétaire académique de SE-Unsa. « Si c’est pour les faire sortir prématurément du système scolaire, c’est scandaleux », renchérit Gwenaël Le Paih, secrétaire général adjoint du Snes-FSU. Les syndicats craignent aussi que cette demi-journée ne prenne trop de temps : « Où va-t-on ajouter ces demi-journées dans les horaires ? demande Jérôme Fournier.
La manière dont la découverte des métiers va être orchestrée pose également question : « La découverte des métiers ne doit pas se faire qu’à travers les grandes entreprises. Alors que les PME sont celles qui recrutent le plus en France », ajoute le syndicaliste.
Évaluations des élèves de 4e
Après les évaluations nationales en français et mathématiques en CP, Ce1, 6ème et seconde, c’est au tour des élèves de CM1 et 4ème d’être évalués. Une expérimentation sera donc lancée cet automne pour évaluer 15 000 élèves à ces niveaux à la mi-septembre. Et ce « afin de répondre immédiatement aux difficultés rencontrées et de mettre en place une pédagogie adaptée », a expliqué Pap Ndiaye lors de sa conférence de presse. Ces évaluations « seront généralisées en 2023-2024 », indique le ministère dans son dossier de presse de rentrée.
Un dispositif que le Snes-FSU conteste : « Cela réduit le temps consacré à l’apprentissage, sans répondre aux besoins des élèves », déclare le syndicat dans son Primer pour la rentrée 2022. ces évaluations imposées, alors qu’eux-mêmes font ce travail au quotidien dans leurs classes. Ils estiment qu’ils mettent « en doute leur qualification et leur liberté pédagogique », souligne le Snes.
Deux heures supplémentaires de sport dans certains collèges
« Les collèges volontaires seront invités à mettre en place, à titre expérimental, une organisation d’emplois du temps permettant à tout ou partie de leurs élèves de pouvoir faire deux heures d’activités sportives pendant le temps périscolaire, dans des clubs ou associations sportives », indique l’arrière -circulaire scolaire. Cela pourrait notamment avoir lieu à l’heure du déjeuner ou en fin de journée. Au final, 140 collèges dispatchés sur tout le territoire expérimenteront donc dès cette année deux heures de sport supplémentaires par semaine. Une mesure qui vise à lutter contre la sédentarité des jeunes mais qui suscite quelques doutes chez les syndicats. « On s’interroge sur la possibilité d’aménager les horaires dans les établissements pour permettre aux élèves d’aller pratiquer un sport, alors que le dispositif ne devrait pas démarrer dès la rentrée », estime David Lelong, délégué national à la Se-Unsa. . De son côté, le Snep-FSU (syndicat majoritaire des enseignants d’EPS) « condamne le dispositif tel qu’il est imaginé et appelle la profession à refuser toute intervention extérieure sur le temps scolaire », dans un communiqué.
Expérimentations avec différentes organisations pédagogiques
Les collèges volontaires pourront expérimenter de nouvelles organisations pédagogiques en 6ème. L’objectif : « mieux accompagner la transition entre l’école et le collège » et « renforcer le niveau des élèves dans les connaissances fondamentales, notamment en mathématiques », précise la circulaire de rentrée.La priorité sera donnée aux collèges dont les résultats aux évaluations nationales révèlent des difficultés spécifiques.
Peu de détails sont donnés sur ces expériences. Ce pourrait être la mise en place de dispositifs de renforcement des savoirs fondamentaux, des temps de co-intervention en classe d’un professeur de collège et d’un professeur des écoles… Pour stimuler de nouveaux débats !