CRASH DU RIO-PARIS: LE PROCÈS DE « LA PLUS GRANDE TRAGÉDIE DE L’AVIATION FRANÇAISE » S’OUVRE CE LUNDI

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Crash de Paris, Air France et Airbus comparaissent devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire. L’enquête a conclu que les entreprises étaient fautives, mais elles ont nié toute faute criminelle. Les feux rouges et verts clignotants de l’Airbus A330 traversent la nuit au-dessus de l’Atlantique. Le vol AF447 a quitté Rio de Janeiro à 22h29.

le 31 mai 2009 et était en route vers sa destination, l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, avec 216 passagers à bord et 12 membres d’équipage. Trois heures après le décollage, l’avion entre dans une zone bien connue des pilotes sur cette trajectoire, le « marasme ».

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Un espace de rencontre des masses d’air des hémisphères nord et sud propices aux développements orageux. Quelques secousses se font sentir dans la cabine. Le copilote Pierre-Cédric Bonin a proposé au commandant de bord, Marc Dubois, de changer de niveau de vol afin de sortir de la zone de turbulences. « Une certaine inquiétude est perceptible dans son insistance », selon les échanges captés par les enregistreurs de vol et étudiés par le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA). montre très peu de réaction aux inquiétudes exprimées par son collègue. Il semble avoir une bonne expérience et ne semble pas personnellement inquiété (au pire il s’attend à être dérangé dans son repos par les turbulences) », rapportent les enquêteurs. A 2 heures du matin, Marc Dubois, 58 ans, est donc parti se coucher dans l’aire de repos en laissant les deux copilotes aux commandes, comme le prévoit la procédure. Mais dix minutes plus tard, les turbulences s’intensifient.

Du coup, le pilote automatique se désengage et les indications de vitesse perdent toute cohérence pendant plusieurs secondes. Pensant que l’avion perdait de l’altitude, Pierre-Cédric Bonin a tenté de corriger la trajectoire en tirant sur le manche, mais l’alarme de décrochage s’enclenche et retentit en continu pendant 54 secondes. Paniqué, David Robert, l’autre copilote, envoie des signaux dans la station de repos pour avertir le commandant de bord. alarmes mais ne parvient pas à identifier l’origine des dysfonctionnements successifs. Le copilote continue de tirer sur le manche, pensant redresser l’avion.

En réalité, cette manœuvre empêche l’arrêt du décrochage. L’AF447 est tombé à plat pendant quatre minutes avant de s’effondrer au milieu de l’Atlantique à 02h14, ne laissant aucun survivant. Les premiers débris de l’A330 ont été retrouvés cinq jours après le crash, le 6 juin 2009, mais il a fallu près de deux ans avant de localiser l’épave, à 3900 mètres de profondeur. © HO / MARINE BRÉSILIENNE / AFP228 personnes de 32 nationalités différentes, dont 73 Français, périssent dans le crash. Nicolas Toulliou, 27 ans, passionné de voyage en déplacement professionnel, Ivan Lorgéré et Olivier Guillot-Noël, membres du CNRS, de retour d’une conférence franco-brésilienne, François Henry, 39 ans, steward Air Austral en vacances avec son amie Céline Guittard , 34 ans, hôtesse d’Air France…

A partir de ce lundi et jusqu’au 8 décembre, les proches des victimes seront devant le tribunal de Paris pour le procès contre les compagnies Air France et Airbus, expulsées pour homicide involontaire. 489 parties civiles se sont constituées à ce jour et espèrent, après 13 longues années d’attente, qu’un jugement « équitable » sera enfin rendu. C’est le plus grand drame de l’aviation française, il est extrêmement important qu’un jugement sanctionne les responsables. Il ne doit pas y avoir d’impunité », explique à BFMTV.com

Danièle Lamy, présidente de l’association AF447, d’entraide et de solidarité. Cette ancienne enseignante a perdu son fils, Eric, dans l’accident. Lors du procès, elle témoignera au nom de sa famille et des membres de son association, qui représente 33 passagers. « Ce sera très compliqué de revivre ce moment douloureux mais c’est une étape essentielle », estime-t-elle. « Ce procès, on s’est battu pour lui, on ira jusqu’au bout. » « Les pilotes sont des victimes » Le licenciement d’Air France et d’Airbus en correctionnelle a en effet bien failli ne pas avoir lieu. En 2019, les juges d’instruction ont prononcé un non-lieu général, estimant que le crash résultait d’erreurs humaines commises par les pilotes. Outrées par cette décision, les familles des victimes ainsi que le parquet ont fait appel et ce sont finalement les manquements fautifs de la compagnie aérienne et de l’aviateur qui ont été retenus.

A l’origine du crash, l’enquête pointe le gel des sondes Pitot, trois capteurs installés à l’avant de l’avion pour mesurer sa vitesse. A cause du givre, les indications de vitesse transmises au poste de pilotage à 2h10 semblaient erronées. La panne a déstabilisé les pilotes qui ont réagi de manière inappropriée à une succession de dysfonctionnements techniques. Toutes les analyses mettent en évidence le manque d’information et de formation des équipages par Air France sur le phénomène de gel des sondes Pitot et sur la procédure à mettre en place, ce qui a contribué à l’accident ne permettant pas à l’équipage de réagir correctement », conclut l’enquête.

« Nous considérons que les pilotes sont victimes au même titre que le reste de l’équipage et des passagers. Ils n’auraient jamais dû se retrouver dans une telle situation, avec un équipement qui ne leur disait pas où se trouvait le pr problème venait », insiste Danièle Lamy. Air France a été retrouvé en 2011 et a pu rendre compte des discussions entre les pilotes dans le cockpit. © MEHDI FEDOUACH / AFPAir France et Airbus contestent les manquements fautifs Ce manque d’information et de formation pose question car la compagnie aérienne a été alertée à plusieurs reprises. L’année précédant le crash, 15 vols d’Air France ont rencontré ces mêmes dysfonctionnements liés au gel des capteurs, dont 9 ont fait l’objet d’un signalement par les pilotes.

« Air France aurait dû avoir une autorité suffisante pour exiger d’Airbus le changement des sondes Pitot, comme l’ont fait Air Caraïbes et XL Airways », souligne Ophélie Toulliou, qui a perdu son frère Nicolas, 27 ans, « alors que la vie lui tendait la main . Il venait de demander sa compagne en mariage… » Contacté, l’avocat de la compagnie aérienne s’est refusé à tout commentaire. Quant à Airbus, le rapport d’enquête conclut que l’aviateur « a sous-estimé la dangerosité des incidents anémométriques suite au givrage des sondes ».

Jusqu’à présent, Air France et Airbus contestent les manquements fautifs qui leur sont reprochés. « Air France continuera de démontrer, désormais devant le tribunal correctionnel, qu'(elle) n’a commis aucune faute pénale à l’origine de cet accident », avait réagi la compagnie à l’annonce de son licenciement. . Après tant d’années, la jeune femme exige « la vérité. Il n’est jamais trop tard pour rendre justice. Quand on a perdu un frère, un enfant, on ne bouge plus. » Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV

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