Au moins 61 migrants se sont probablement noyés dans l’incident tandis que 19 autres ont été secourus après que leur bateau a coulé au large des côtes syriennes, après avoir quitté le Liban voisin. Le bilan de ce qui est le naufrage le plus meurtrier du Liban ces dernières années devrait encore augmenter.
Le ministre libanais des Transports, Ali Hamieh, a déclaré vendredi 23 septembre que plus de 100 migrants, pour la plupart libanais et syriens, se trouvaient à bord d’un petit bateau qui a coulé en mer Méditerranée au large de la ville syrienne de Tartous jeudi. Des dizaines de personnes sont toujours portées disparues, a ajouté le ministre.
Parmi les personnes secourues, cinq étaient des ressortissants libanais, a-t-il précisé. Le groupe de migrants aurait quitté le Liban, a rapporté l’agence de presse AFP, citant des informations partagées par le gouvernement syrien à partir de jeudi. Les autorités syriennes auraient réussi à secourir 19 personnes.
Au départ, 15 personnes seraient décédées; cependant, ce chiffre a dû être révisé à la hausse à 28 et, peu de temps après, à 34. Plusieurs heures après le début de l’opération, il est devenu clair que plus de 60 corps avaient été retrouvés.
Au moins un enfant aurait été parmi les morts, selon l’AFP. Le gouvernement libanais a averti que le nombre de morts pourrait encore augmenter.
Le Liban accueille plus d’un million de réfugiés de Syrie, qui ont fui la guerre civile qui dure depuis 10 ans dans leur pays. Il est également en proie à des crises économiques depuis trois ans, provoquant une augmentation des tentatives clandestines de départ vers l’Union européenne.
Recherches interrompues pour l’instant
Un responsable syrien a déclaré jeudi que le bateau transportait même jusqu’à 150 personnes, selon l’agence de presse AFP.
« Selon des rescapés, leur bateau a quitté le Liban il y a quelques jours », a déclaré le chef des ports syriens Samer Kbrasli, ajoutant qu' »entre 120 et 150 personnes » se trouvaient à bord avant qu’il ne coule. Les efforts de recherche de survivants ont été suspendus jeudi soir en raison de vagues dangereusement hautes, a rapporté l’AFP.
Les survivants ont été transportés à l’hôpital de Tartous, le plus méridional des principaux ports de Syrie, situé à environ 50 kilomètres au nord de la ville portuaire de Tripoli, au nord du Liban. Le ministère syrien de la Santé a déclaré dans un communiqué, ajoutant qu' »une assistance en oxygène a été fournie à la plupart des personnes hospitalisées, et certaines d’entre elles ont été transférées en soins intensifs ».
Le ministère syrien des Transports a déclaré que les informations recueillies auprès des survivants suggéraient que le bateau était parti de Miniyeh, une ville située juste au nord de Tripoli.
Un drame familial
Wissam al-Talawi, originaire de la région du Akkar, dans le nord de la Syrie, faisait partie des survivants. Son frère a déclaré à l’AFP que pendant qu’il était soigné à l’hôpital, les corps des deux filles de Wissam, âgées de cinq et neuf ans, avaient été ramenés au Liban où ils ont été enterrés tôt vendredi, a déclaré Ahmad.
« [Mon frère] ne pouvait pas payer ses dépenses quotidiennes, ni les frais d’inscription de ses enfants à l’école », a-t-il ajouté, affirmant que la femme de Wissam et ses deux fils étaient toujours portés disparus.
Pic de tentatives de traversée
Le Liban est en proie à une crise économique qui a débuté en 2019, et qui a plongé les trois quarts de sa population d’environ 6 millions, dont au moins un million de réfugiés syriens, dans la pauvreté. L’année dernière, le Liban a connu une augmentation du nombre de personnes quittant les côtes libanaises pour tenter la périlleuse traversée dans des bateaux surpeuplés pour rejoindre l’Europe.
Selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, près de deux fois plus de personnes ont quitté ou tenté de quitter le Liban par bateau en 2021 que l’année précédente. Ce chiffre a encore augmenté de plus de 70 % en 2022 par rapport à la même période l’année dernière, a rapporté l’agence de presse Reuters.
En avril, le naufrage d’un bateau de migrants surpeuplé poursuivi par la marine libanaise au large de la côte nord de Tripoli a fait six morts et provoqué la colère de nombreuses personnes dans le pays. En août, les survivants et les familles des victimes ont déposé une plainte accusant l’armée d’avoir détenu deux survivants disparus.
La plupart des bateaux partant du Liban se dirigent vers Chypre, membre de l’Union européenne, une nation insulaire située à environ 175 kilomètres. Beaucoup de ceux qui partent du Liban sont des Syriens, mais la crise économique qui ne cesse de s’aggraver a poussé un nombre croissant de ressortissants libanais à tenter également la dangereuse traversée.