Journée contre l’homophobie : augmentation des plaintes, des victimes « traumatisées et désemparées »

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En France, les plaintes pour injures, menaces ou agressions à l’encontre de personnes LGBTI+ ont doublé en cinq ans, ont révélé lundi des données publiées dans l’enquête « Cadre de vie et sécurité » du ministère.

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« Je vais te tuer, sale pédé », « Tu ne mérites pas de vivre » : les plaintes pour insultes, menaces ou agressions contre les personnes LGBT+ ont doublé en cinq ans, mais ne reflètent qu’une infime partie de la réalité selon des données publiées lundi 16 mai, à la veille de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie.

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L’an dernier, 2 170 crimes et délits contre les lesbiennes, gays, bi et trans ont été recensés par la police et la gendarmerie, auxquels il faut ajouter 1 620 amendes, dont plus de 90 % pour injure ou diffamation.

C’est 12% de plus qu’en 2019 (avant la crise du Covid-19) et 28% de plus qu’en 2020, selon des statistiques publiées lundi par le ministère de l’Intérieur.

Ces chiffres ne sont que « la pointe de l’iceberg », note Flora Bolter, de l’observatoire LGBT+ de la Fondation Jean-Jaurès.

Selon l’enquête « Cadre de vie et sécurité », seulement 20% des victimes portent plainte en cas d’agression ou de menaces, et 5% en cas d’injure : les personnes concernées « se sentent coupables », ont peur d’être blessées . reçus par la police ou sont confrontés à une minimisation des faits qu’ils dénoncent, analyse Lucile Jomat, la présidente de l’association SOS Homophobie.

Les lesbiennes, gays, bi, trans ou intergenres sont « de plus en plus visibles, ce qui contribue à la banalisation », mais le « revers de la visibilité » est un risque accru d’agression qui laisse les victimes souvent « traumatisées et désemparées », ajoute ce responsable.

« Quand on travaille dans les écoles, on rencontre de plus en plus de jeunes très ouverts, mais aussi des intolérants : il y a une polarisation », ajoute-t-elle, pour qui la lutte contre l’homophobie « suppose des moyens », de « faire avancer la société à travers campagnes de sensibilisation et d’éducation ».

L’an dernier, 1.138 situations LGBTphobes ont été signalées à l’association, sur sa ligne d’écoute, par mail ou chat, détaille SOS Homophobie.

« Les stéréotypes et les idées reçues sont toujours vivants »

Dans son rapport annuel, l’association évoque des « crachats », une intensification des coups et blessures voire des viols, ainsi qu’une « recrudescence alarmante de cas dans les écoles […], dans les commerces ou au sein de la police et de la justice ».

Fait notable cette année, plus de 15% des situations signalées concernent des personnes transgenres, ce qui, selon SOS Homophobie, démontre la nécessité de davantage de formation pour les professionnels concernés.

Par exemple, pour éviter que les personnes trans se voient refuser un changement de prénom par l’administration.

Même chez eux, les personnes LGBT ne sont pas à l’abri des insultes et des brimades : la haine homophobe des voisins a donné lieu l’an dernier à des « témoignages de détresse particulièrement poignants » recueillis par l’association FLAG !, créée par des policiers et des fonctionnaires de justice LGBT.

Avec la crise sanitaire, « beaucoup de gens se sont retrouvés coincés en télétravail à domicile, à huis clos avec des voisins violents, qui menacent, qui frappent », raconte Flora Bolter, qui a analysé les 1.148 signalements reçus en 2021 par FLAG ! .

« Il y a des gens désespérés qui parlent de suicide parce qu’ils vivent dans ce climat de haine et de harcèlement parfois depuis des années. »

Les témoignages recueillis par FLAG !

via une application dédiée mettent également en lumière de multiples situations de discrimination, comme ce pharmacien qui refuse de vendre un autotest VIH parce que « nous n’avons pas ce genre de clientèle », ou ce videur de boîte de nuit expulsant un couple d’hommes au motif que ils s’embrassent.

« Les stéréotypes et les idées reçues sont toujours vivants », note la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dans un rapport également publié lundi.

La Commission alerte sur les « risques d’abus et de violences dans les prisons » où règne une « culture de l’hyper-masculinité » et où les surveillants « contribuent parfois à la stigmatisation » des personnes homosexuelles et des femmes transgenres.

Pour y remédier, la CNCDH recommande que tout détenu transgenre « puisse choisir d’être affecté dans un établissement ou un quartier correspondant à son identité de genre, que le changement d’état civil soit intervenu ou non ».

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