Les retraites au cœur de la présidentielle : mais comment fonctionne le système français

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Alors qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen lorgnent sur les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui pourraient faire basculer le second tour de l’élection présidentielle, la question des retraites, sujet complexe à l’origine de grands mouvements sociaux en France, est devenue une question centrale de la campagne entre les deux tours, au même titre que le pouvoir d’achat.

En effet, au lendemain du premier tour, lors de son déplacement dans le nord de la France, le président sortant a semblé assouplir sa position sur le sujet, laissant entendre qu’il était prêt à faire des concessions sur l’un des piliers de son programme.

Concrètement, il s’est dit prêt à revoir son plan de relèvement progressif de l’âge de la retraite à 65 ans, évoquant un âge de la retraite à 64 ans – contre 62 ans aujourd’hui.

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Un premier compromis qui en dit long sur l’importance du thème, alors que son rival, après avoir longtemps plaidé pour une retraite à 60 ans, défend désormais un départ à cet âge uniquement pour les salariés ayant commencé à travailler avant 20 ans.

Pour comprendre pourquoi la réforme du système de retraite français est un sujet politique si sensible, France 24 revient sur son modèle et son financement.

Un système par répartition

Mis en place en 1945, le système de retraite français est fondé sur la solidarité intergénérationnelle entre actifs et retraités.

Le principe repose sur les cotisations versées par les actifs au cours d’une année, qui servent à payer les pensions des retraités de cette même année.

Le système repose principalement sur le statut contributif, c’est-à-dire qu’un retraité perçoit une pension qui est calculée sur la base des revenus de son activité antérieure, des cotisations versées et du nombre d’années passées à travailler (exprimées en trimestres).

Cependant, le système est solidaire puisqu’il verse des prestations de retraite non contributives, c’est-à-dire sans versement de cotisations, à ceux qui ont connu une vie professionnelle perturbée.

Le mode de calcul de la pension

Pour obtenir la meilleure pension possible dans tous les régimes de retraite, c’est-à-dire une pension à taux plein, sans décote, il faut soit justifier d’un certain nombre de trimestres d’assurance pension selon l’année de naissance et le statut (fonctionnaire), c’est-à-dire prendre sa retraite à 67 ans.

Par exemple, selon le système actuel, un salarié du privé né entre 1961 et 1963 doit avoir cotisé au minimum 168 trimestres (42 ans), alors qu’à partir de la génération née en 1973, il faut avoir cotisé 172 trimestres (43 années).

Plan de retraite

La retraite de base, la retraite complémentaire et la retraite complémentaire sont les trois composantes du système de retraite.

Les deux premiers sont obligatoires, c’est-à-dire cotisables aux salariés et à leurs employeurs, tandis que la retraite complémentaire est facultative.

La plupart des actifs cotisent à la fois à un régime de base (dans la limite du plafond de la sécurité sociale, soit 3 311 euros par mois) et à un régime complémentaire ou complémentaire, sur tout ou partie de leurs revenus.

Il existe 42 régimes de retraite, avec des règles de calcul des cotisations et des pensions souvent très différentes (régime général, mutualité sociale agricole, régime social des indépendants, régimes spéciaux).

La retraite et les retraités en chiffres

Selon les derniers chiffres sur les retraités et les retraites de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), le service statistique du ministère de la Santé et des Solidarités, mis à jour en mai 2021, au 31 décembre 2019, la retraite économique moyenne l’âge continue d’augmenter et atteint 62 ans et 2 mois.

Les hommes partent à la retraite en moyenne 7 mois plus tôt que les femmes : 61 ans et 11 mois contre 62 ans et 6 mois.

Fin 2019, 16,7 millions de personnes, résidant en France ou à l’étranger, étaient inscrites comme retraités directs auprès d’au moins un régime français.

En incluant les retraités dits « à droits dérivés », qui perçoivent des pensions de réversion (d’un conjoint décédé), le nombre total de retraités, tous régimes confondus, est de 17,8 millions de personnes.

Toujours selon la Drees, la pension moyenne de droit direct, tous régimes confondus, des retraités résidant en France est de 1 393 euros par mois après prélèvements sociaux.

Le financement des retraites

L’équilibre financier du système dépend du rapport entre le nombre de cotisants et celui des retraités.

Il évolue notamment en fonction des taux de croissance des revenus et de la population active.

Les retraits pour financer les retraites représentent actuellement près de 31% des revenus des actifs.

Et 75% du financement du système de retraite provient des cotisations sociales.

Le reste des ressources est constitué par les recettes fiscales, notamment les impôts et taxes affectés et la CSG et les transferts des organismes tiers, comme l’assurance chômage, dans le cadre du principe de solidarité financière.

« Premier poste de dépenses sociales », publiques et privées, selon t

o DREES, les retraites représentent 327,9 milliards d’euros en 2019, soit 13,5% du produit intérieur brut (PIB).

Un système en danger ?

Malgré le débat politique sur la pérennité du système, le Conseil d’orientation des retraites (COR) indiquait en juin dernier que les dépenses restaient « sur une trajectoire maîtrisée ».

Les dépenses devraient même se stabiliser à 13,7 % du PIB jusqu’en 2030 et diminuer par la suite.

« On peut tout à fait considérer que c’est trop… ou pas assez, avait confié le président du COR, Pierre-Louis Bras. C’est un choix politique ».

Selon le rapport du COR, la crise sanitaire avait « très massivement » creusé le déficit du système en 2020, à environ 18 milliards d’euros, avant qu’il ne soit ramené à 13 milliards suite à un « transfert exceptionnel » des ressources du fonds de réserve.

Pris dans leur ensemble, les plans devraient afficher un déficit compris entre 7 et 10 milliards d’euros en 2021,

pour environ 340 milliards de dépenses cumulées.

En résumé, selon le COR, le système de retraite ne sera pas équilibré avant 15 ans au mieux, selon ses projections.

Il n’en demeure pas moins qu’à partir de 2030, et jusqu’au début des années 2060, la part des dépenses de retraite dans le PIB baisserait dans tous les scénarios imaginés par le COR.

En 2070, la part des dépenses de retraite serait même inférieure à celle observée en 2019, avant la crise sanitaire.

Et cela aussi, dans tous les scénarios.

la part des dépenses de retraite serait même inférieure à celle observée en 2019, avant la crise sanitaire.

 

Un système nécessitant une réforme urgente ?

Selon les syndicats, les derniers résultats contredisent l’urgence d’une réforme du système des retraites.

La branche retraite de la Sécurité sociale a terminé 2021 avec un déficit de 2,6 milliards, alors que le budget voté en décembre prévoyait un trou de 5,8 milliards.

Dans le secteur privé, le régime des cadres et salariés (Agirc-Arrco) affiche même un excédent de 2,6 milliards qui lui a permis de reconstituer ses réserves.

Cependant, certains régimes restent en position délicate, notamment celui des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers (CNRACL), qui s’attend à ce que son déficit triple de 1 à 3 milliards d’euros d’ici 2025.

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