Chaque année, 11,7 litres d’alcool sont consommés par habitant en France selon Santé Publique France. Selon l’OMS, cette consommation entraînerait tous les ans la mort de près de 3 millions de personnes dans le monde. Des études montrent cependant régulièrement les bienfaits de l’alcool… Alors, l’alcool, bon ou mauvais pour la santé ?
Le vin, bon pour le cœur ?
VRAI
De nombreuses études ont mis en avant cet effet protecteur de l’alcool : le risque d’affection cardiaque diminuerait de 20 à 30% en buvant en moyenne deux verres d’alcool par jour.
Il permettrait de prévenir les infarctus dus à la formation de caillots dans les artères. L’éthanol, contenu dans le vin, augmente la concentration du « bon cholestérol » dans le sang (cholestérol HDL) et dissout le « mauvais cholestérol » (cholestérol LDL) se fixant sur les parois des artères. En outre, l’alcool fluidifie le sang en réduisant l’agrégation de plaquettes, à l’origine de la formation de caillots.
La réduction du risque n’est pertinente que pour les adultes d’âge moyen voire avancé, qui sont à risque de cardiopathies. De plus, au-delà de deux verres par jour, le risque augmente et dépasse rapidement celui d’un abstinent.
La bière protègerait-elle de l’ostéoporose ?
VRAI
Une consommation modérée de bière réduirait les facteurs de risque d’ostéoporose. Cette maladie est caractérisée par une fragilité excessive du squelette, due à une élimination de la masse osseuse. Elle est fréquente chez la femme après la ménopause car la masse osseuse diminue avec la carence en hormones féminines (œstrogènes).
Ce bienfait serait attribuable à la présence de silicium, qui favoriserait la reformation de l’os. Un demi-litre de bière renferme jusqu’à 8 mg de silicium, soit un tiers de l’apport journalier recommandé. L’avantage de cet apport est double, car la bière est plus facilement assimilée par le corps que les aliments riches en silicium, comme la banane par exemple.
Par ailleurs, des études ont montré que l’humulone, un composé issu du houblon, et l’éthanol, jouaient un rôle dans la lutte contre la réduction de la densité osseuse. La consommation moyenne qui donne des effets positifs, serait comprise entre 28 et 57g d’alcool par semaine (entre 3 et 6 verres).
La bière favoriserait-elle la lactation ?
FAUX
Contrairement aux idées reçues, la bière, et l’alcool en général, ne favorisent pas la lactation.
L’absorption d’alcool entraîne certes une augmentation du taux de prolactine (l’hormone responsable de la fabrication du lait), mais elle diminue considérablement le taux d’ocytocine (l’hormone qui déclenche le réflexe d’éjection, et donc la sortie du lait hors du sein). Les mères auront la sensation d’avoir les seins « plus pleins », mais auront du mal à faire sortir le lait, qui, par ailleurs, sera de moins bonne qualité6.
Il est cependant reconnu que le malt d’orge peut favoriser la lactation. Il contient des molécules qu’on appelle des ß-glucanes qui agissent en stimulant l’hypophyse et en augmentant la sécrétion de prolactine, une hormone qui stimule la synthèse du lait.
Dans tous les cas, une consommation régulière d’alcool est néfaste pour le bébé. Mieux vaut préparer une infusion d’orge ou utiliser des produits qui en contiennent (« Ovaltine »).
La bière fait-elle grossir ?
VRAI
Une bière (25cl) comporte autant de calories qu’une boisson gazeuse sucrée comme le coca : environ 110 calories. Une consommation modérée n’est cependant pas forcément synonyme d’une prise de poids importante, tout dépend de l’alimentation générale de l’individu7. C’est davantage la consommation de produits gras accompagnant souvent la bière, qui entraînera le phénomène bien connu de « la panse à bière ».
La bière n’est donc qu’indirectement responsable de l’obésité, lorsqu’elle est consommée de façon modérée. Néanmoins, en cas de consommation excessive (plus de deux verres par jour pour un homme, et plus d’un pour une femme), le risque de développer des troubles comme le diabète et l’obésité augmente exponentiellement.
Le vin préviendrait-il le diabète de type II ?
VRAI
Le diabète de type II est la forme la plus répandue du diabète. Contrairement au diabète de type I, il se déclare à l’âge adulte et affecte de plus en plus de monde. Environ 2 millions de canadiens et 2,5 millions de français en seraient atteints.
Il provient d’une anomalie du système endocrinien : l’insuline, une hormone produite dans le pancréas, n’est pas présente en quantité suffisante dans le sang. Ceci empêche la transformation des sucres en énergie.
Des études montrent que les buveurs modérés courent moins de risques de développer un diabète de type II, qu’un abstinent complet. Même si les études sont nombreuses à révéler ce bienfait du vin, le mécanisme exact n’a pu être identifié.
L’alcool, bon pour le sommeil ?
FAUX
L’alcool bénéficie à tort d’une bonne réputation vis-à-vis du sommeil. Il y a peu de temps, on massait encore avec du rhum les enfants au sommeil récalcitrant !
La recherche scientifique conforte l’expérience personnelle, à savoir que l’alcool favorise l’endormissement. Mais l’alcool et le sommeil ne font pas bon ménage pour autant. Ses effets négatifs surviennent plus tard et agissent sur la qualité et la durée du sommeil.
Le sommeil est un processus complexe. Il se caractérise par une alternance de sommeil profond, dit paradoxal, durant lequel le sujet rêve, et de sommeil lent1. La succession de ces deux phases de sommeil est une condition essentielle à l’équilibre de l’individu. L’alcool perturbe grandement cette séquence en réduisant notamment le sommeil profond. C’est d’ailleurs pourquoi, le sujet alcoolique est fréquemment en manque chronique de sommeil.
L’alcool est un stimulant sexuel ?
VRAI et FAUX
A petite dose, l’alcool a indéniablement un effet libérateur sur les inhibitions. Il lève les barrières psychologiques qui, à la fois nous gênent et nous protègent. Le sujet peut alors être amené à commettre des actes qu’il ne ferait pas à jeun en raison de son éducation ou de ses propres tabous. L’acte sexuel en est un exemple.
A petites doses, l’alcool donne à la femme l’impression d’être physiquement plus excitée sexuellement, alors qu’en réalité, c’est le contraire qui se produit : la lubrification vaginale diminue avec la consommation.
Au-delà de trois verres, les effets sont catastrophiques : problèmes d’érection, fatigue, diminution du désir, relâchement musculaire… Boire pour tenter de surmonter une difficulté sexuelle est donc une très mauvaise idée, d’autant plus qu’elle peut mener à l’alcoolisme.
L’alcool est-il hautement cancérigène ?
VRAI
L’alcool est cancérigène: il augmente le risque de cancers de la bouche, de l’œsophage, du larynx, du foie, du sein chez la femme, de l’estomac, du rectum et du colon. Il concerne plus d’un décès par cancer sur neuf. Plus la consommation est importante, plus le risque est grand. Cela veut dire que le risque augmente dès le premier verre.
Ainsi, on observe une augmentation de risque de cancer du sein de 12 % pour 10 g d’éthanol consommé par jour (correspondant à environ un verre) dans une étude portant sur plus d’un million de femmes.
Différents mécanismes peuvent expliquer cet effet nocif. Le rôle cancérogène du métabolite principal de l’alcool, l’acétaldéhyde, et ses dérivés, est clairement établi dans la majorité des cancers. Tout comme le déficit nutritionnel favorable à la cancérogénèse, induit par la consommation d’alcool.
A noter que TOUTES les boissons alcoolisées augmentent le risque de cancers, et qu’il vaut donc mieux en limiter sa consommation.
Zero alcool pendant la grossesse ?
VRAI
Une consommation, même ponctuelle ou modérée, d’alcool pendant la grossesse peut entraîner des risques importants pour l’enfant à naître. L’alcool agit sur l’embryon et le fœtus, notamment sur son système nerveux et son cerveau. L’alcool passe du sang maternel vers le sang du fœtus, au travers du placenta.
Lorsqu’une femme enceinte boit un verre, il y a donc rapidement autant d’alcool dans le sang de son bébé que dans le sien, voire même davantage compte tenu du poids du fœtus et du fait que son foie n’est pas assez fonctionnel pour l’éliminer correctement.
Les effets de l’alcool sur le système nerveux central du fœtus peuvent être très néfastes. L’alcool est un toxique extrêmement puissant au niveau du cortex cérébral. Quelque soit le moment de l’alcoolisation et la quantité, le risque d’atteinte des fonctions cérébrales reste très élevé. De plus, une consommation d’alcool importante pendant les trois premiers mois peut produire des malformations irréversibles chez le bébé.